DEVRAIT-ON CRAINDRE UN RETOUR DE SURENDETTEMENT DANS LES PAYS AFRICAINS?
Le recul des prix du pétrole et des métaux de base a entraîné une forte baisse de recettes budgétaires, une détérioration des comptes courants et une pénurie de devises.
Les pays les plus durement affectés sont notamment : le Gabon dont les recettes pétrolières représentent 32 % des revenus de l’État et 65 % des exportations du pays. L’#Angola dont les revenus de pétrole représentent 67 % des recettes publiques et 97 % des exportations totales. Le Nigéria dont 40 % des recettes publiques et 90 % des exportations viennent du secteur pétrolier. Les grands producteurs de métaux comme l’#Afrique du Sud et la #Zambie sont aussi affectés.
Le premier directeur général adjoint du Fonds monétaire international a appelé, dans des termes diplomatiques, les pays africains à éviter de tomber dans le piège de l’endettement excessif tout en précisant qu’il ne voyait pas « des pays où la situation est inquiétante ».
Toutefois, les récentes dégradations des notes souveraines et des perspectives de certaines économies africaines productrices de pétrole et de métaux de base, par les principales agences de notation (Moody’s, Fitch rating et Standard & Poors ) montrent que la stabilité macro-économique de certains pays est loin d’être assurée. Certains de ces pays ont vu leurs notes et leurs perspectives dégradées par les trois principales agences de notation.
Chez Moody’s la note du Gabon, de l’Angola et du Nigéria est B1 avec une perspective négative tandis que la #république du #Congo a vu sa note baisser à B2 avec une perspective négative. L’Afrique du Sud a évité de justesse la dégradation de sa note (Baa2 avec une perspective négative) qui était sous surveillance par l’agence Moody’s.
Inquiétude sur la progression de la dette, plus que sur son niveau
Le ratio de la dette au PIB pour certains pays est élevé comparé au seuil de 50 % pour les économies en développement. Ainsi les pays comme le #Malawi (83 % du PIB), #Mozambique (74,8 %), #Ghana (73,3 %), Congo (Brazzaville)(64,9 %) et l’Angola (62,3) ont atteint des taux d’endettement élevé par rapport au Produit intérieur brut en 2015.
Toutefois c’est la rapide progression de l’endettement au cours des dernières années qui inquiète le plus. Au Mozambique, la dette brute est passée de 39,9 % du PIB en 2012 à 74,8 % en 2015, en hausse de 34,9 points de pourcentage. En 2016, elle poursuivra sa progression pour atteindre 87,4 % du PIB.
En Angola la progression de la dette est aussi inquiétante. Elle est passée de 29,5 % du PIB en 2012 à 62,3 % du PIB en 2015 et atteindrait 70 % du PIB en 2016.
Certains pays ont demandé de l’aide au Fonds monétaire international à la suite de la hausse des coûts d’emprunts sur les marchés internationaux. Il s’agit notamment du Ghana, Mozambique, Zambie, Nigéria et de l’Angola.
Détérioration des finances publiques
Le recul des prix des produits de base a fait fondre, les surplus budgétaires et les déficits se sont creusés. Certains pays qui affichaient des excédents en 2012 comme l’Angola (4,6 % du PIB), la Congo (6,3 %) et le Gabon (1,6 %) se sont retrouvés avec de déficits budgétaires importants en 2015, de -4,1 %, -11,8 % et -2,3 % respectivement.
Dégradation des comptes courants
Le recul des cours des produits de base a affecté les équilibres extérieurs de certains pays dont l’Angola, le Malawi, le Mozambique et le Gabon.
Pour rétablir les équilibres budgétaires et courants, quelques politiques publiques sont envisagées dont la réduction des dépenses, l’élargissement de l’assiette fiscale, l’élimination des subventions pétrolières, la diversification économique et ainsi que d’autres réformes.