MOZAMBIQUE : QUI PAIERA LE PRIX DE LA DISSIMULATION DE 1,4 MILLIARDS DE DETTE?
Au Brésil et en Grèce, le manque de transparence sur les finances publiques a conduit à la suspension de la présidente Madame Rousseff et à la crise grecque.
Au #Mozambique, le Gouvernement traverse une crise de #gouvernance depuis qu’il a reconnu avoir dissimulé 1,4 milliards de dollars de dette au Fonds monétaire international (FMI). L’incertitude créée par ce manque de transparence du gouvernement est lourde de conséquences pour l’économie du Mozambique.
Selon diverses agences de presse, le gouvernement a justifié son absence de transparence par l’instabilité militaire (un parti d’opposition qui se comporte comme une rébellion) ainsi que la transition entre deux gouvernements en 2015.
Le FMI, la Banque mondiale et plusieurs autres bailleurs de fonds ont suspendu leurs programmes d’aide et craignent une détérioration des finances publiques du pays.
Les principales agences de notation (Moody’s, Fitch et Standard and Poors) ont dégradé la note souveraine du Mozambique craignant le risque d’un défaut de paiement.
La monnaie du Mozambique (metical) s’est dépréciée fortement ces derniers jours. En date du 10 juin, le taux de change était de 60 meticals pour un dollar américain contre 37,6 meticals un an plus tôt.
L’inflation à 10 % au début de 2016 s’est accélérée pour atteindre 17,5 % en mai 2016, contre 1,3 % en mai 2015 alimentée par la dépréciation du metical.
La dette brute du Mozambique a atteint une proportion inquiétante, elle est passée de 39,9 % du PIB en 2012 à près de 75 % du PIB en 2015. Certains analystes estiment qu’elle dépassera 100 % du PIB en 2016.
Retour sur les cas récents de manque de transparence sur les finances publiques et leurs conséquences.
En Grèce, le nouveau gouvernement socialiste de Georges Papandreou a annoncé en 2009 que les comptes grecs ont été truqués en présentant les statistiques conformes aux critères du traité de Maastricht (dette publique ne dépassant pas 60 % du PIB et déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB). Et ce, pour faciliter l’entrée et le maintien de la Grèce dans la zone euro.
Les agences de notation ont dégradé la note souveraine grecque et les marchés financiers ont commencé à douter de la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes, ce qui a déclenché la crise grecque qui a eu des conséquences importantes sur l’économie mondiale.
Au Brésil, plus récemment, la présidente, Mme Dilma Rousseff a été accusée d’avoir dissimulé l’ampleur des déficits publics en 2014 et 2015 afin de faciliter sa réélection. Ces accusations ont conduit à sa suspension par le sénat brésilien.
Une crise de gouvernance doublée d’un problème d’imputabilité
Alors qu’en Grèce, le gouvernement qui a falsifié les comptes publics a perdu les élections et qu’au Brésil, la présidente a été suspendue, au Mozambique, on ne note aucune dénonciation publique ni sanction des responsables de la dissimulation d’une dette de 1,4 milliards de dollars. C’est le peuple qui, par la cherté du coût de la vie, subit les conséquences des mensonges d’un gouvernement qui a menti au parlement, au peuple et aux bailleurs de fonds.
La dépréciation de la monnaie, les tensions inflationnistes et la détérioration des finances publiques n’ont rien pour rassurer les investisseurs dont le pays a grandement besoin.
Il y a un véritable problème d’imputabilité auquel les institutions du Mozambique devraient s’attaquer rapidement dans l’intérêt supérieur de ce pays jusque-là prisé par les investisseurs et les bailleurs de fonds.