NIGERIA : LA FLEXIBILITÉ DE LA MONNAIE (NAIRA) SUFFIRA-T-ELLE POUR RASSURER LES INVESTISSEURS ÉTRANGERS?

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Lagos-– source: www.mays-mouissi.com

La banque centrale du Nigeria a autorisé, en date du 20 juin, un taux de change interbancaire flexible sur le marché après avoir résisté longtemps aux pressions des investisseurs et des analystes par crainte des pressions inflationnistes engendrées par la dévaluation monétaire.

Une dévaluation tardive, douloureuse mais inévitable

L’abandon du taux de change fixe de la monnaie nationale par rapport au dollar (en vigueur depuis mars 2015), s’est traduit par un plongeon du naira de plus de 40 % face au dollar, passant de 199 à 282,3 nairas pour un dollar. Plusieurs medias ont souligné que cette chute brutale de la monnaie a fait fondre la fortune du milliardaire nigérian Aliko Dangote de 3,7 milliards de dollars.

En effet, les autorités nigérianes avaient résisté aux appels des analystes à la dévaluation du naira. Déjà en juillet 2015, l’agence de notation S&P estimait qu’une dévaluation de plus de 15 % était nécessaire pour rassurer les investisseurs.

Auparavant, les autorités avaient dévalué le naira en novembre 2014 et en février 2015 avant d’adopter des mesures de restriction des opérations de change et limiter les importations de certains produits pour soutenir artificiellement le naira.

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Toutefois, ces interventions pour protéger la monnaie avaient creusé l’écart entre le taux de change officiel (199 nairas pour un dollar) et le taux du marché parallèle de 350 naira pour un dollar) et la banque centrale n’avait plus de choix que l’introduction de la flexibilité.

Conjoncture morose malgré les interventions de la banque centrale

Les mesures de contrôle de devises  étrangères et des importations n’ont pas permis de limiter les pressions inflationnistes ni soutenir la économique.

En effet, l’inflation n’a cessé de progresser pour atteindre 15,6 à la fin mai, son plus haut niveau depuis six ans tandis que le PIB s’est contracté de -0,38 % au premier trimestre. Ce qui fait craindre une situation de stagflation.

L’agence de notation Fitch, qui vient de dégrader la note de crédit du Nigeria de BB- à B+ avec une perspective stable anticipe un ralentissement de la croissance économique à 1,5 % en 2016 après une progression de 2,6 % en 2015. Par ailleurs, l’agence prévoit une hausse du déficit gouvernemental à 4,2 % en 2016 contre 1,5 % sur la période 2001-2015 et une forte progression du ratio (dette / revenu budgétaire) qui atteindrait 259 % en 2016 contre 181 % en 2015.

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Les investisseurs ne sont pas rassurés

L’annonce de la flexibilité du naira a été bien accueillie par les analystes qui estimaient qu’elle pourra rassurer les investisseurs toutefois certains observateurs estiment que les incertitudes liés à la conjoncture internationale (Brexit) et à la morosité économique au Nigéria ainsi que les sabotages des installations pétrolières dans le delta du continuent d’inciter les investisseurs à la prudence.

Par ailleurs d’autres investisseurs hésitent car ils continuent de penser que la dévaluation du naira n’est pas allée assez loin et que la banque centrale n’a pas totalement abandonné sa politique d’intervention pour protéger le naira.

Le Nigeria mise sur la promotion des exportations non pétrolières

Depuis plusieurs années, le Nigéria réfléchit sur les nouvelles pistes pour réduire sa dépendance vis-à-vis du secteur pétrolier

Le 16 juin dernier, la banque centrale a annoncé la mise en place de deux programmes de prêts pour soutenir les exportations non pétrolières et la diversification de l’économie. Il s’agit des programmes : Non Oil Export Stimulation Facility (ESF) et Export Credit Rediscounting and refinancing Facility (RRF).

Le centre de promotion des exportations du Nigéria (NEPC) a adopté une stratégie visant à faire passer les exportations non pétrolières de 2,7 milliards de dollars en 2014 à 25 milliards en 2025.

Mais le parcours de la diversification économique est parsemé d’embûches.

Bien que la structure économique ait été transformée au cours des dernières années, les hydrocarbures représentent encore plus de 90 % des exportations et 75 % des revenus budgétaires contre 14,4 % du PIB.

Une étude publiée par le Groupe de la banque africaine de développement en 1999 montre que les premiers programmes conçus pour restructure et diversifier la base de production de l’économie et réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole ont commencé au milieu des années 1980 après la crise pétrolière qui avait fait chuter les recettes d’exportations à 6,5 milliards de dollars en 1986 contre 23 milliards en 1979.

Le rapport conclut que le programme confié à la banque d’import-export (NEXIM) n’a pas atteint ses objectifs et qu’un programme de diversification exige du temps et des financements soutenus.