L’UNION AFRICAINE : LES PAYS MEMBRES DOIVENT DOTER L’INSTITUTION D’UN FINANCEMENT DURABLE ET RESPONSABLE

Union Africaine - Addis Abbeba. Source: mwebantu.com
Union Africaine – Addis Abbeba.
Source: mwebantu.com

À l’heure du Brexit et des préoccupations sécuritaires, les pays africains sont invités à résister à la tentation de protectionnisme et à pousser plus loin l’intégration africaine.

Cinq décennies après la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et 13 ans après celle de l’Union africaine (UA), l’idéal de coopération et d’intégration des Pères de l’indépendance est-il atteint? Les africains en général et la jeunesse africaine en particulier sont en droit d’exiger de cette vénérable institution des comptes et des réformes répondant à leurs aspirations.

L’OUA qui s’est illustrée avec ses résolutions contre l’apartheid en du Sud et son appui à la lutte des mouvements de libération a connu ses moments de gloire au début des années 1990 avec l’accession à l’indépendance de la ainsi qu’avec la libération et l’élection de Mandela au poste de président de l’Afrique du Sud.

Toutefois, sur d’autres tableaux, les performances sont mitigées : l’OUA et l’UA n’ont pas réussi à  prévenir et à régler plusieurs conflits internes qui ont endeuillé les africains notamment au , en démocratique du , au , en Côte d’Ivoire, en République etc.

Le lancement de l’UA en 2002 dans le but d’accélérer et d’approfondir le processus d’intégration économique et politique n’a pas eu plus de succès. Elle a plutôt servi de forum à ses États membres pour coordonner les positions de l’Afrique dans des instances internationales.

Rappelons que la vision de l’Union africaine est de « bâtir une Afrique intégrée, prospère, en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondial ».

Étant donné que plusieurs échéances approchent à grands pas, l’UA doit accélérer la cadence pour atteindre les cibles  notamment celles du traité d’Abuja en 1991 qui prévoyait la création, dans un délai de 30 ans d’un marché commun africain, d’un parlement, d’une banque centrale et d’un fonds monétaire africain.

Passeport africain : un symbole fort pour secouer la léthargie de l’institution

La décision  prise  par le 27e sommet de l’UA à Kigali  les 17 et 18 juillet 2016 d’octroyer un passeport permettant à tous les africains de circuler librement sur le pourrait être perçu comme un signal fort de la détermination des États membres à réaliser l’intégration africaine.

Souhaitons que cette libre circulation des personnes se matérialise et soit suivie d’une libre circulation des marchandises.

L’Union africaine doit s’autofinancer pour atteindre ses objectifs

Le 27e sommet à Kigali a mis en évidence une anomalie qui perdure et qui pourrait expliquer en partie la source de l’inefficacité de l’institution. Il s’agit de sa source de financement.

Les 54 États membres  contribuent au budget de fonctionnement de l’institution d’un total de 781 millions de dollars en 2016-2017à hauteur de 27 %  (211 millions de dollars). Les bailleurs de fonds étrangers sont responsables de 73 % de ce budget
( 511 millions de dollars).

Pire encore, on apprend que certains États membres paient leur cotisation en retard et que d’autres sont en défaut de paiement ce qui entrave le fonctionnement de l’organisation

Dans ce contexte, plusieurs questions se posent : De quelle marge de manœuvre disposent les pays membres? Quelle est l’influence des bailleurs de fonds étrangers dans les décisions de l’organisation? Qui en contrôle l’agenda?

Les États membres de l’UA doivent financer les activités de l’organisation de manière durable et responsable, ce qui implique de maintenir ses finances saines, favoriser la création de richesses au sein des pays membres et fixer le niveau d’activités en fonction de la capacité de payer de la collectivité africaine.

Par ailleurs, les pays membres devraient agir de manière responsable et faire preuve de rigueur et de discipline budgétaire afin de payer dans les délais leur quote-part auprès de l’UA comme ils le font dans d’autres institutions internationales comme le Fonds monétaire international.

Une taxe de 0,2 % sur les importations : une excellente mais complexe initiative.

Les chefs d’État ont adopté résolution d’instaurer une taxe de 0,2 % sur les importations des 54 pays membres (en excluant  les biens de première nécessité). Cette initiative, bien accueillie par tous les participants, rapporterait 1,2 milliards de dollars en 2017.

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Une taxe de 0,2 % sur la valeur des importations représenterait des recettes de  près d’un milliard au cours des dernières années.

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Toutefois, la mise en application de la taxe de 0,2 % sur les importations  posera un défi de taille, au moment où une étude de la CNUCED publiée cette semaine montre que les fausses facturations privent certaines économies africaines de 67 % de recettes d’exportations. Qu’en est-il des importations?