CONGO (BRAZZA) : LE DÉFAUT DE PAIEMENT EST-CE UN PROBLÈME DE MANQUE DE LIQUIDITÉS OU UNE CRISE DE GOUVERNANCE?
La baisse des revenus du pétrole (qui constituent près de 90 % des exportations et 75 % des recettes de l’État) est la principale source de la détérioration des équilibres budgétaires et extérieurs. La #croissance économique a chuté pour atteindre 1,1 % en 2015 après une solide performance de 6,8 % en 2014. Les perspectives pour 2016 ne sont pas meilleures car la Banque mondiale prévoit qu’en 2015-2016, les prix de l’énergie (pétrole, gaz et charbon) devraient baisser de 16,4 %.
Une progression inquiétante de l’endettement
La dette du #Congo, qui avait été effacée en partie dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) en 2010 n’a cessé de progresser pour atteindre et même dépasser le niveau d’avant 2010. Elle est passée de 22,9 % en 2010 à 64,9 % en 2015 et devrait atteindre 79 % en 2016. La dette extérieure est passée de 20,2 % à 45,4 % en 2015.
Une dégradation marquée des comptes publics et courants
La chute des cours du pétrole a creusé le déficit de la balance courante et fragilisé les finances publiques du pays.
Le solde courant qui était excédentaire (+7,5 % du PIB) en 2010 a sombré en territoire négatif en 2012 (-2,4 %) et en 2015 (-14,2 % du PIB).
Le solde budgétaire est passé d’un excédent de 16 % en 2010 à un déficit de -11,8 % du PIB.
Un retard de paiement sanctionné par la dégradation de la note souveraine
Les principales agences de notation (Fitch et Moody’s), craignant le risque d’un défaut de paiement, ont dégradé la note souveraine du Congo.
Le Congo n’a pas remboursé le capital et les intérêts d’un emprunt qui arrivait à échéance le 30 juin 2016. Il a également échoué à régler cette dette durant la période de grâce de 30 jours qui arrivait à échéance le 30 juillet 2016.
Problème de liquidité ou difficulté de #gouvernance
Selon le Gouvernement congolais, le défaut de rembourser la dette (capital et intérêts) n’est pas lié au manque de liquidité mais plutôt à une erreur administrative.
L’agence de notation Fitch a répliqué qu’une telle affirmation, si elle s’avérait, constituerait une preuve de faiblesses institutionnelles du pays.
Cette situation met en évidence un problème de gouvernance, de manque de transparence et d’imputabilité dans la gestion de recettes des matières premières et de la dette. Qui va payer pour cette erreur administrative ?
Nous sommes devant un problème sérieux de gestion de l’endettement. Après le #Mozambique qui a tenté de cacher la dette au Fonds monétaire international, le Congo cherche à maquiller son incapacité à rembourser sa dette. Les institutions des pays africains devraient accorder une attention particulière à l’imputabilité et à la transparence dans la gestion et la communication de leur dette.