L’ÉTONNANTE RÉSILIENCE DE L’ÉCONOMIE EN ÉTHIOPIE ET AU CAMEROUN

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La résilience de l’économie éthiopienne face à la plus sévère sécheresse depuis 30 ans et au recul des  cours du café témoigne d’une politique économique saine qui a fait de l’Éthiopie un pays plébiscité par les bailleurs de fonds internationaux et les investisseurs.

Quant à l’économie camerounaise, la plus diversifié de la région de l’ centrale, elle fait preuve de résilience face à la baisse des cours du pétrole et à la hausse des dépenses sécuritaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme du groupe Boko Haram.

Les deux économies ont mis en place des programmes de diversification économique et des projets structurants d’infrastructures publics qui ont dynamisé l’économie.

Éthiopie : à deux chiffres sur une décennie

Une étude du cabinet conseil en stratégie Havas Horizons sur la perception des 55 plus grandes institutions financières et bancaires classe l’Éthiopie au premier rang en Afrique. Selon l’étude, le pays s’est développé au cours des dix dernières années, affichant une croissance moyenne annuelle dépassant les 8 %, l’un des taux les plus élevés du . Il investit également massivement dans les infrastructures (énergie, chemins de fer, routes etc.).

L’économie éthiopienne a affiché une croissance soutenue en 2015 de 8,7 % contre 10,3 % en 2014.

Les perspectives pour 2016 sont moins favorables en raison de la sécheresse qui a affecté la production agricole. Rappelons que le secteur agricole est important pour l’économie du pays car il représente près de 42% du PIB et 80 % des exportations. En 2016, la croissance économique va ralentir mais restera robuste à 5 %  soutenue par des investissements dans les infrastructures dans le cadre du deuxième Plan pour la croissance et la transformation de l’Éthiopie.

 : Diversification économique et grands projets structurants

Le Cameroun a enregistré une croissance continue depuis 2009, passant de 1,9 % en 2009 à 5,9 % en 2015 soutenue  par des investissements en infrastructures et le regain de la production pétrolière. Les perspectives pour 2016 restent favorables avec une croissance de 4,5 % tirée par les investissements en infrastructures et les services.

EthiopieCamerounGDP

Risque de surendettement et détérioration des équilibres courants et budgétaires

En Éthiopie, le déficit courant s’est aggravé en 2015 à -12,8 % du PIB à la suite du recul des exportations de biens et services et de la progression des importations. Après avoir bénéficié de l’allégement de sa dette dans le cadre de l’ initiative d’allégement destinée aux pays pauvres très endettés, l’Éthiopie a vu sa dette brute passer de 103 % du PIB en 2004 à 36 %du PIB en 2009.

Toutefois, le faible niveau d’épargne et les besoins de financement des infrastructures publiques ont entraîné une nouvelle  hausse de l’endettement qui a atteint 48,6 % en 2015. La dette devrait poursuivre sa progression en 2016 à 55,4 % du PIB, augmentant ainsi le risque de sa soutenabilité. C’est tant le niveau que la croissance de l’endettement qui inquiète.

La progression de la dette publique camerounaise constitue une vulnérabilité

La situation budgétaire au Cameroun s’est détériorée au cours des dernières années à la suite de la chute des cours du pétrole et de la hausse des dépenses d’équipement dans le cadre des projets d’infrastructure. Après avoir bénéficié d’un important allégement de sa dette dans le cadre de l’initiative d’allégement destinée aux pays pauvres très endettés, le Cameroun s’est rapidement ré-endetté, faisant passer sa dette brute de 9,7 % du PIB en 2008 à 33,5 % en 2015. Cette forte progression de la dette publique au Cameroun est inquiétante même si le niveau reste viable.

EthiopieCamerounDette

La résilience des économies éthiopienne et camerounaise repose notamment sur la diversification économique et sur les choix d’investir massivement dans des infrastructures. Toutefois, ces deux économies demeurent vulnérables aux aléas climatiques, à l’évolution des cours des matières premières, à la détérioration des comptes publics et extérieurs, au risque de surendettement et à l’insécurité qui persiste dans leurs régions respectives.