AFRIQUE DU SUD : LA NOTE SOUVERAINE DÉGRADÉE DANS LA CATÉGORIE SPÉCULATIVE PAR S&P, DEVRAIT-ON S’ATTENDRE À UN EFFET DOMINO?
À la suite du limogeage du ministre des Finances Pravin Gordhan, très respecté par les milieux financiers pour sa gestion des finances publiques et son combat contre la corruption, l’agence de notation S&P, vient de dégrader la note souveraine de l’#Afrique du Sud dans la catégorie des investissements dits “spéculatifs”, c’est-à-dire fortement déconseillés.
En faisant passer la note souveraine de BBB- à BB+, l’agence S&P a ajouté : « cette dégradation reflète notre conviction que les divisions au sein du gouvernement dominé par l’ANC, qui ont débouché sur des changements de l’équipe dirigeante, y compris du ministre des Finances créent un risque en ce qui concerne la continuité politique ».
Depuis l’annonce du limogeage du ministre des Finances, les marchés ont montré plus de nervosité et la monnaie sud-africaine (le rand) a dévissé, perdant 7,6 % par rapport au dollar et 7,2 % par rapport à la livre sterling. La chute pourrait être encore plus marquée dans les jours à venir.
Pour rappel, l’Afrique du Sud avait évité de justesse la dégradation de sa note en décembre 2016, grâce à la détermination du ministre Gordhan à réduire le déficit budgétaire, ce qui avait rassuré les investisseurs et les agences de notation.
Un coup dur pour la #gouvernance en Afrique
Avec cette dégradation de la note souveraine, l’Afrique du Sud, le pays le plus industrialisé d’Afrique, rejoint la liste des pays où il est moins intéressant d’investir. Les milieux financiers sont convaincus que le ministre Gordhan est victime de sa rigueur financière, de sa gestion transparente des fonds publics et de son intransigeance face aux affaires de corruption qui éclaboussent le président Zuma. Certains soulignent une de ses déclarations : « nous avons la responsabilité de faire avancer ce pays dans la bonne direction, pas seulement pour remplir nos poches et pour nous-mêmes, mais pour le bénéfice de millions de Sud- africains ».
Détérioration des perspectives économiques
Avec une note dans la catégorie des investissements spéculatifs, le coût du service de la dette devrait augmenter, réduisant ainsi les services à la population sud-africaine. Par ailleurs, la dégradation de la note viendra saper la confiance des investisseurs envers l’économie sud-africaine qui s’est contractée au 4ème trimestre de 2016 plombée par une baisse importante de la production minière (-11,5 %) et un recul de la production manufacturière(-3,1 %).