LA FORTE CROISSANCE DE LA DETTE AFRICAINE INQUIÈTE

source : ajib.fr

Selon le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement, la dette publique en a fortement augmenté sur la période de 2014 à 2017, en raison du creusement des déficits budgétaires, d’un ralentissement de la , de la hausse des charges d’intérêt et d’une dépréciation de certaines monnaies.

En 2017, la médiane des dettes publiques des pays africains s’est établie à 54,7 % du PIB, soit une progression de 16 points de pourcentage par rapport à une médiane de 38,5 % du PIB en 2013. Toutefois, cette moyenne cache des disparités importantes entre les pays. L’an dernier, 30 pays africains sur 52 ont affiché un ratio dette/PIB supérieur à 50 %.

Un risque amplifié par le poids du secteur informel dans l’économie, l’incivisme fiscal et le déficit d’absorption de la dette

On observe dans certains pays africains une dynamique des recettes fiscales inférieures aux prévisions et une hausse du service de la dette plus que prévu. Ainsi, il sera de plus en plus difficile pour certains pays ayant un secteur informel très important de rembourser la dette, étant donné que les revenus du secteur formel sont faibles.

La faiblesse de certaines administrations fiscales et l’incivisme fiscal pèsent sur  la capacité à mobiliser les recettes budgétaires et aggravent les déficits publics et la dette.

Enfin, les travaux de la Banque africaine de développement estiment des pertes de l’ordre de 40 % de la valeur potentielle de l’investissement public dans les pays à faible revenu, en raison principalement de l’inefficacité du processus d’investissement du fait des retards, des dépassements de coûts et d’un entretien inadéquat.

La dette africaine inquiète par sa croissance récente et sa composition

Profitant d’un contexte mondial caractérisé par des taux d’intérêt faibles, plusieurs pays africains ont adopté des plans de développement des infrastructures qui ont creusé leurs déficits budgétaires et augmenté l’endettement. Ainsi, la moyenne de la dette des pays africains  a progressé de 10 points de pourcentage (pp) entre 2014 et 2017. Pour certains pays, notamment le (70,9 pp), la Guinée Équatoriale (42,7 pp) et le Gabon (32,4 pp), la hausse a été importante.

Par ailleurs, la composition de la dette des pays africains a beaucoup évolué. Selon la Banque africaine de développement, la récente hausse de l’endettement en Afrique vient du fait que certains pays ont eu recours aux marchés de capitaux internationaux pour compenser la baisse progressive du financement concessionnel. En 2017, les prêts des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux représentaient 24 % de la dette africaine contre 71 % des prêts de pays non membres du club de Paris. Par ailleurs, la montée des prêts de la Chine contre les ressources naturelles des pays africains invite à beaucoup de prudence.

Un dilemme de politique économique

Dans un contexte d’assainissement budgétaire, afin d’assurer la stabilité macroéconomique et réaliser une croissance durable, les économies africaines font face à un dilemme de politique économique : mobiliser les recettes budgétaires sans démoraliser les payeurs de taxes; investir dans les infrastructures, l’éducation, la santé et les services sociaux (soutien aux personnes vulnérables) tout en maintenant un niveau de dette soutenable.