POUR PRÉVENIR LES CONFLITS VIOLENTS LES GOUVERNEMENTS AFRICAINS DEVRAIENT S’ATTAQUER AUX INÉGALITÉS
Depuis le milieu des années 90, l’#Afrique a connu l’un des taux de #croissance moyens les plus élevés au monde. Toutefois, cette croissance n’a pas été assez largement partagée, des couches importantes de la population ont été laissées de côté. Dans un certain nombre de pays, ces statistiques positives de croissance cachent des inégalités importantes susceptibles d’engendrer des conflits violents. Sur les 19 pays les plus inégalitaires du monde, 10 (soit 52,6 %) sont situés sur le #continent africain.
À la base de ces inégalités se trouvent les « institutions extractives[1] » définies comme étant des organisations dont les politiques et les pratiques visent à accaparer la richesse et les ressources d’un pays pour le compte d’un groupe restreint, mais politiquement puissant. Souvent ces organisations déploient d’importantes ressources pour neutraliser toute action collective des groupes lésés en présentant une image de stabilité relative.
Les inégalités économiques, politiques et sociales engendrent des conflits violents
Selon une étude du Programme de Nations Unies pour le développement, les inégalités élevées ont des impacts négatifs sur la stabilité politique et la cohésion sociale en exacerbant les conflits et les tensions internes. À cet égard, l’Afrique abrite 11 des 20 pays où la probabilité de conflits est la plus élevée dans le monde.
D’autres études ont montré que les inégalités entre groupes, plutôt qu’entre individus, sont la première cause de conflits en Afrique et que l’existence de jeunes non instruits et sans emploi est une caractéristique commune aux pays africains qui ont connu des conflits.
Enfin, une étude conjointe des Nations Unies et de la Banque mondiale sur la prévention des conflits violents intitulée « Chemins pour la paix : Approches inclusives pour la prévention des conflits violents », a permis de constater que l’exclusion créée par la répression étatique pose un sérieux risque de conflits violents. Ainsi, « les pays où les gouvernements violent les droits humains, surtout les droits à l’intégrité physique, avec des pratiques comme la torture, les disparitions forcées, l’emprisonnement politique et les exécutions extra judiciaires, sont plus exposés aux conflits violents». Ajoutant que «dans ces contextes, la répression du pouvoir crée des incitations à la violence, en renforçant la perception qu’il n’y a pas d’alternative viable pour exprimer des doléances et des frustrations».
Approches inclusives pour prévenir les conflits violents
La première responsabilité pour l’action préventive incombe aux États, à travers leurs politiques nationales et la #gouvernance du système multilatéral.
Pour aider les décideurs à prévenir les conflits violents, l’étude des Nations Unies et de la Banque mondiale s’est inspirée des exemples des pays ayant réussi à gérer les contestations et à prévenir les conflits pour proposer un modèle des chemins pour la paix. Selon ce modèle, « la violence suit une trajectoire définie : une fois qu’elle prend racine, les incitations et les systèmes se réorientent de manière à entretenir la violence » (voir schéma ci-après).
Pour prévenir efficacement les conflits, il faut agir avant que les doléances ne se durcissent et que les menaces de violence ne réduisent les choix possibles pour les dirigeants et les élites qui détiennent un pouvoir ou une influence sur la société.
L’étude décrit l’expérience d’acteurs nationaux dans trois domaines, principalement, « l’élaboration des incitations pour les acteurs de paix, la réforme des institutions pour promouvoir l’inclusion et la réponse aux facteurs structurels qui alimentent les doléances ».
Enfin, l’étude suggère « qu’une stratégie de prévention efficace doit être :
- dirigée par les acteurs nationaux et locaux;
- bâtie sur des atouts existants;
- soutenue aux niveaux international et régional».
[1]Shantayanan Devarajan et Wolfgang Fengler « L’essor économique de l’Afrique, motifs d’optimisme et de pessimisme », Revue d’économie du développement 203/14 (Vol.21) p. 97-113