MALI: UN COUP D’ÉTAT DANS UN CONTEXTE D’INSTABILITÉ SÉCURITAIRE, SOCIALE ET ÉCONOMIQUE
Le Mali est un pays enclavé avec une population de plus de 20 millions d’habitants et une économie peu diversifiée, vulnérable aux aléas climatiques et aux chocs externes. Depuis le coup d’État militaire de 2012, le pays fait face à une situation d’instabilité alimentée par des violences des groupes djihadistes et des conflits communautaires.
Depuis le début de juin 2020, un mouvement de contestation populaire exigeait le départ du président Ibrahim Boubakar Keita, l’accusant de mauvaise gouvernance.
Le 23 juillet 2020, une mission de médiation de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), composée de chefs d’États et plusieurs autres personnalités, qui visait l’apaisement du climat sociopolitique au mali a échoué.
Dans la nuit du 18 au 19 août 2020, le président Ibrahim Boubakar Keita dont le second mandat de 5 ans devait s’achever en 2023, a été renversé du pouvoir par les militaires réunis au sein du Conseil National du Salut du Peuple (CNSP).
Réaction de la communauté internationale
Plusieurs membres de la communauté internationale, principalement les États-Unis, la France, l’Union européenne et le Canada ont condamné la prise du pouvoir par la force et exigé le rétablissement de l’ordre constitutionnel et des institutions démocratiques.
Dans la région, l’Union africaine a suspendu le Mali de l’organisation jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel et a demandé la libération du président Boubacar Keita, du premier ministre et des autres responsables du gouvernement arrêtés par l’armée.
La CEDEAO a initialement suspendu le Mali de tous ses organes de décision et a annoncé la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de toutes les transactions économiques et financières entre le Mali et les autres pays membres. Après avoir dépêché une délégation à Bamako dont la mission était d’« œuvrer au retour rapide de l’ordre constitutionnel », l’organisation sous régionale semble avoir adouci sa position tout en indiquant que le retour à l’ordre constitutionnel demeure prioritaire pour les Chefs d’État. Par ailleurs, les agences de la BCEAO au Mali ont rouvert hier le 24 août afin d’atténuer une crise potentielle de liquidité.
Une situation sanitaire difficile
Le Mali a enregistré son premier cas de contamination à la COVID-19 le 25 mars 2020, en date du 25 août 2020, on dénombre 2 708 cas de contaminations à la COVID-19 dont 125 décès.
Pour lutter contre la COVID19, le gouvernement malien a mis en en place des mesures monétaires et budgétaires totalisant un montant de plus de 500 milliards de francs CFA (environ 900 millions de dollars américains).
Une contraction économique attendue en 2020
Au-delà du bilan sanitaire, la pandémie a causé une crise économique majeure. Sous l’effet de la pandémie de la COVID-19 et de l’instabilité politique, l’économie malienne devrait se contracter de 1 % en 2020, après une hausse de 5,1 % en 2019. Il s’agit de la pire contraction de l’économie malienne depuis le début des années 90.
Fortement dépendante de l’or et du coton, l’activité économique au Mali sera soutenue par la hausse des cours de l’or et profitera de la baisse des cours du pétrole.
Au cours de la période 2001-2011, l’économie malienne a enregistré une croissance vigoureuse avec une progression moyenne du PIB réel de 5,6 % et une hausse du niveau de vie de 2,3 % sur cette période.
Cette embellie économique a été interrompue par une sécheresse en 2011, suivie d’un coup d’État en 2012, l’économie s’est contractée de 0,7 % entraînant une baisse du niveau de vie de 3,7 %.
Sur la période 2012-2019, la croissance économique moyenne a fléchi à 4,5 % et le PIB par habitant à 1,5 %.