RWANDA : UNE CONTRACTION ÉCONOMIQUE PLUS IMPORTANTE QUE PRÉVUE MALGRÉ LE SOUTIEN FINANCIER MASSIF DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Les citoyens dans les ruines de leurs résidences détruites par la ville de Kigali durant la pandémie de la COVID-19. Source : BBC News Gahuza https://www.bbc.com/gahuza/51971869

La pandémie de la COVID-19 et les mesures d’endiguement strictes prises par les autorités ont plongé le Rwanda dans sa pire contraction économique de l’après-génocide.

Des prévisions revues à la baisse pour les années 2020 et 2021

Depuis le début de la pandémie, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance de l’économie rwandaise pour l’année 2020, passant de 8,1 % en octobre 2019 à 2,0 % en octobre 2020 et à -3,4 % en mai 2021. Pour 2021, les prévisions sont passées de 6,7 % en avril 2020 à 5,1 % en mai 2021.

Selon l’Institut National de la Statistique du Rwanda, l’économie rwandaise s’est contractée de 3,4 % en 2020. Le deuxième trimestre de 2020 a été la pire période avec une chute spectaculaire de la production à -12,4 %.

Une détérioration des finances publiques plus forte que prévue

Selon une note préparée par une mission du Fonds monétaire international (FMI) en mai 2021, la dette du Rwanda pourrait passer de 71 % du PIB en 2020 pour atteindre un peu plus de 80 % en 2022. La quatrième revue du programme du Rwanda par le FMI est attendue au début du mois de juillet.

Des mesures strictes qui ont fait mal aux travailleurs du secteur informel

Depuis le début de la pandémie de la COVID-19, le Rwanda a adopté les mesures de confinement parmi les plus strictes du continent africain (confinement total et couvre-feu et fermeture des commerces non essentiels et des lieux de culte…).

Alors que cette gestion stricte de la pandémie  a valu au Rwanda les éloges des pays occidentaux, plusieurs analystes ont critiqué cette approche (mieux adaptée aux pays riches dotés d’une structure économique solide et d’un filet social confortable) en raison principalement des impacts négatifs du confinement sur une grande partie de la population vivant dans la pauvreté et dont la survie et celle de leurs familles dépend principalement des activités quotidiennes.

Mentionnons par ailleurs que pendant cette période difficile pour tout le monde, les autorités rwandaises ont pris plusieurs mesures controversées qui ont eu un impact négatif sur la vie des citoyens.

Ces mesures incluaient notamment de : – la hausse des impôts fonciers (au moment où d’autres pays ont offert à leurs citoyens le report ou le rééchelonnement des impôts et des taxes); – l’expropriation et la destruction des maisons jetant dans la rue plus de 1000 familles sans compensations au profit d’investisseurs privés; et – la destruction des récoltes des citoyens (cultures vivrières de subsistance) pour afficher  une image propre de la ville de Kigali en vue de la tenue de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (26ième CHOGM) prévue le 21 juin 2021, qui n’a pas eu lieu.