EN CONTEXTE DE CRISE LES TRANSFERTS DE FONDS DES MIGRANTS DEMEURENT UNE SOURCE IMPORTANTE DE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

La pandémie de la COVID-19 et la guerre en Ukraine menacent le financement du développement en Afrique, dans un contexte de détérioration des finances publiques des pays africains et de repli de l’épargne.
En effet, plusieurs pays sur le continent n’ont pas beaucoup de marges de manœuvre budgétaires pour soutenir l’économie et les populations vulnérables alors que les déficits budgétaires se sont détériorés (en raison de la baisse des recettes et de la hausse des dépenses), que la dette publique s’est envolée et que l’épargne nationale demeure faible.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans son rapport intitulé Dynamiques du développement en Afrique 2021, indique qu’au cours de la période 2020-2018, le volume du financement par habitant en Afrique a reculé de 18 % pour les recettes intérieures et de 5 % pour les flux financiers externes. Des reculs plus prononcés ont été constatés durant 2020-2021 en raison de la pandémie de la COVID-19.
Les transferts de fonds des migrants : une source importante et de plus en plus croissante de financement du développement
Selon une récente note de la Banque mondiale, les transferts de fonds des travailleurs migrants vers l’Afrique se sont établis à 92 milliards de dollars, en hausse de 10 % par rapport à 2020 et de 38 % par rapport à 2016.
D’autres sources de financement externes se sont modérées au cours des dernières années, notamment les investissements directs étrangers avec une baisse de 14 % entre 2016 et 2020 et les flux de financement du développement (-13 %).
Rappelons que les transferts de fonds des travailleurs migrants contribuent à atténuer le niveau et la gravité de la pauvreté et favorisent une plus grande accumulation du capital humain. Ils permettent d’avoir accès à l’éducation et aux services de santé, aux technologies de l’information et de la communication ainsi qu’aux services financiers. De plus, ils soutiennent la consommation des ménages et les investissements de petites entreprises.
Pendant la pandémie de la COVID-19, les transferts de fonds des migrants ont largement complété les programmes gouvernementaux de transferts monétaires pour aider les familles souffrant de précarité économique.

Une réduction des coûts de transferts de fonds permettrait d’améliorer le niveau de vie des populations africaines
L’Afrique subsaharienne demeure la région vers laquelle les coûts de transferts sont les plus élevés. Ils atteignent 8 %, comparativement à 4,6 % en Asie du Sud et à une moyenne mondiale de 6,4 %. Ces coûts dépassent de loin la cible de 3 % fixée dans les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Pour soutenir le financement du développement en Afrique, la Banque africaine de développement et l’Union africaine devraient soutenir la mise en place des plateformes numériques de transfert de fonds en Afrique afin d’atteindre la cible de 3 %. Une telle baisse permettrait aux familles recevoir plus d’argent.