LA POUSSÉE DE L’INFLATION INQUIÈTE LES AFRICAINS

Source : afrique.latribune.fr

La hausse des prix à la consommation constitue un choc majeur pour les populations africaines.  Elle est alimentée par la hausse des prix des aliments et de l’énergie, la dépréciation monétaire, les perturbations dans l’approvisionnement et depuis peu par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Dans certains pays comme l’Éthiopie, la hausse des prix à la consommation a atteint 33,6 % sur un an en février (avec une inflation alimentaire de 39,9 %). En Angola, l’l’inflation s’est établie è 27,7 % sur un an en janvier, soutenue par la hausse des prix alimentaires à 36,2 %.

Les prix de l’énergie et des produits alimentaires connaissent une envolée spectaculaire. Le baril de pétrole Brent a franchi la barre des 100 dollars, seuil qu’il n’avait pas atteint depuis 2014. Les prix des produits céréaliers, laitiers et des huiles alimentaires sont à des niveaux records, proches de ceux de l’année 2011, laquelle avait été marquée par des périodes de soulèvements populaires en Afrique et au Moyen-Orient.

Les prix alimentaires mondiaux ont atteint un niveau record en février

Selon, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’indice des prix alimentaires mondiaux a atteint un record de 140,7 points en février.

La hausse s’explique principalement par l’inadéquation entre l’offre et la demande, les variations du coût des intrants induites par les produits de base rendant plus coûteux le transport des aliments de la ferme à la table. D’autres facteurs, principalement les changements climatiques, les catastrophes naturelles et la guerre en Ukraine contribuent à l’inflation alimentaire.

L’indice mensuel des prix alimentaires de la FAO est basé sur les prix mondiaux de 23 catégories de produits alimentaires, couvrant les prix de 73 produits différents par rapport à une année de référence.

Sur une longue période, les prix alimentaires mondiaux ont atteint leur plus haut niveau en 61 ans d’histoire de l’Indice des prix alimentaires.

La guerre en Ukraine pourrait menacer la sécurité alimentaire de plusieurs pays africains et accentuer davantage la pression sur les prix alimentaire

La guerre entre la Russie et l’Ukraine risque d’aggraver une situation déjà difficile des pays ayant une forte dépendance aux importations de céréales en provenance de Russie ou d’Ukraine. Les exportations des produits agricoles (notamment le blé et le tournesol) de la Russie vers le continent ont totalisé 4 milliards de dollars en 2020. Les principaux clients sont l’Égypte, le Soudan, la Tanzanie, l’Algérie, le Kenya et l’Afrique du Sud. Quant aux exportations de produits agricoles de l’Ukraine, elles se sont établies à 2,9 milliards de dollars.

Risque d’instabilité politique

Le renchérissement des aliments et de l’énergie a entamé le pouvoir d’achat des ménages et soutient la hausse des anticipations.

Les conditions actuelles, principalement les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les chocs climatiques, les flambées des prix des produits de base créent un terrain favorable à l’instabilité politique dans un contexte ou le secteur informel a été ravagé par l’épidémie de la COVID-19 et ou les gouvernements ne disposent pas de marge de manœuvre budgétaire pour atténuer l’impact de la hausse des prix alimentaires et de l’énergie.

Les gouvernements africains doivent intervenir pour protéger le pouvoir d’achat des populations

À court terme, les gouvernements doivent renforcer et élargir les mesures temporaires mises en place permettant aux populations africaines de supporter avec dignité l’impact de la pandémie et de la hausse de l’inflation.

Plusieurs mesures peuvent être adoptées, principalement, l’instauration de prix plafond, la suspension des taxes à l’importation ou douanières, la baisse de la TVA, le renforcement des contrôles des tarifs réglementés, la fourniture de semences améliorées, d’insecticides et d’engrais, etc.

À Moyen terme, les gouvernements africains devraient investir dans les systèmes de protection sociale, dans le financement pour les agriculteurs et dans le démantèlement des barrières commerciales.

Un défi exigeant mais réalisable pour le continent africain qui dispose de plus de 60 % des terres arables inexploitées au monde mais dont la majorité des pays sont des importateurs nets de produits alimentaires. Les importations des produits alimentaires sur le continent totalisent 50 milliards de dollars annuellement.